jeudi 5 novembre 2009

Souffrance éthique. Le témoignage de Catherine Kokoszka

J’ai « failli mourir de ne plus pouvoir penser » : le 15 septembre 2009, Catherine Kokoszka, directrice départementale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Paris, s’est jetée d’une fenêtre située au 3e étage de la direction départementale. Un buisson a amorti sa chute. En convalescence, Catherine Kokoszka, écrit un texte analysant en détail les raisons professionnelles de son passage à l’acte. Cet écrit est publié par le Syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse - Union nationale des syndicats autonomes (SPJJ-UNSA) :
http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20091105/1263047_62c6_kokoszka.pdf

Elle décrit sa souffrance éthique quand des consignes jugées déraisonnables ont parasité sa tâche et sont entrées en contradiction avec ses idéaux et des convictions construites au cours de son expérience d’éducatrice de mineurs délinquants. Le conflit psychique est né de l’obligation de mettre en œuvre avec zèle des directives qui impliquaient d’effectuer des tâches dont les conséquences seraient clairement nocives pour autrui.

La souffrance éthique apparait lorsque l’on est en profond désaccord avec les valeurs de son travail. Elle relève des règles éthiques qui fixent ce qui est juste ou injuste de faire, moralement acceptable ou pas, concrètement en situation de travail. Les valeurs qui régissent l’activité doivent pouvoir être discutées par le collectif de travail. Ce qui est valide, juste, correct ou légitime de faire ne peut se savoir qu’en passant par la parole des individus concernés. Car l’éthique est incorporée, elle donne sens à la vie.

La tentative de suicide de Catherine Kokoszka témoigne du caractère primordial de la visée éthique du travail au regard du sens que l’on souhaite donner à sa vie. La mise à mal de ce besoin fondamental du sujet et des règles éthiques indissociables du réel du travail augmente la souffrance vécue et constitue un élément déclenchant de décompensation voire de passage à l’acte suicidaire.

Valérie Tarrou

3 commentaires:

  1. Aujourd'hui elle est morte

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    1. en cette fin d'AVRIL COMME UN COUP DE TONERRE la nouvelle tombait :CATHERINE avait quitté la vie.
      Les cadres de la PJJ ENCORE sous le choc d'une RGPP qui N EN FINIT PLUS DE renaitre de ses cendres tous les jours ,s'épuisent à faire tenir l'impossible et à donner du sens à des injonctions paradoxales.Pourront ils tenir plus longtemps?

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  2. je suis profondement triste pour Catherine sa famille et ses enfants

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