La Dépêche du 14-11-09 « Il disait que je faisais mal mon boulot »
« Alors que s'ouvre un débat national sur la souffrance au travail, voilà une autre thématique, rampante et désastreuse, qui mériterait d'être exposée au grand jour et fermement combattue : le harcèlement. »
http://www.ladepeche.fr/article/2009/11/14/714944-Il-disait-que-je-faisais-mal-mon-boulot.html
Mépris, calomnies, humiliations, insultes, comportements obscènes, critiques injustifiées, conditions de travail dégradantes… le harcèlement moral, forme de violence parmi les plus destructrices, est qualifié de violence interne. A la différence d’une contrainte exercée directement sur le corps, le harcèlement est une violence indirecte, mais qui peut avoir des répercutions sur le corps.
La liste des pratiques possibles de harcèlement est longue. Dans son livre « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés » (1) Marie Pezé, docteur en psychologie, témoigne des brutalités psychologiques en entreprise qui vident le regard des salariés, brisent les capacités de raisonnement, défont la pensée.
Elle a reçu en consultation Souffrance et Travail Carole, secrétaire, en état « d’effroi post-traumatique » (1). En quelques mois, les exigences de son nouvel employeur étaient graduellement passées de désagréables (coller les timbres à 4 mm du bord de l’enveloppe à l’aide d’une règle) à une volonté systématique de nuire à son employée par de graves abus de pouvoir (surveillance de ses appels, de ses poubelles, missions urgentes confiées à 5 mn de l’heure du départ, refus d’accorder des congés, isolement des autres secrétaires, insultes, colères). Fatiguée, amaigrie, terrorisée, pour conserver ce nouvel emploi, Carole a répondu aux attaques par un surinvestissement dans la qualité de son travail, espérant échapper ainsi aux critiques et aux demandes -qu’elle ne percevait pas comme pathologiques- de son employeur. Carole a basculé dans une névrose traumatique et une pneumonie a fini par l’obliger à s’arrêter et à consulter.
Cette situation de maltraitance au travail illustre la définition qu’en propose la psychiatre Marie-France Hirigoyen, à l’origine du concept de harcèlement : « conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne, mettant en péril l’emploi de celle-ci ou dégradant le climat de travail » (2).
Dans l’ouvrage cité en référence, l’auteur insiste sur deux points :
- le caractère systématique et répétitif du harcèlement qui s’inscrit dans la durée,
- l’intentionnalité de la démarche persécutrice, sa préméditation, « car le caractère intentionnel d’un traumatisme en aggrave l’impact ».
Le degré de violence de la démarche persécutrice représente également un élément amenant à la qualification de la situation en harcèlement.
Cette relation de domination psychologique et de soumission forcée est une situation complexe qui ne peut se penser seulement en termes d’agresseur et de victime. D’une part, le harcèlement moral n’est possible qu’avec le consentement des collègues-témoins complices passifs. En effet, l’intervention collective qui dit la situation et refuse cette complicité en négatif arrête le harceleur. D’autre part, dans certains cas, le clinicien peut établir que la personne harcelée a été harceleur à un autre moment. Il est difficile pour le patient de penser sa responsabilité dans l’une ou l’autre des situations et de surmonter la situation génératrice de souffrance sans envisager les deux positions.
Le harcèlement survient souvent dans des situations de travail détérioré. Il tend à masquer la souffrance ressentie par les salariés qui constatent sans pouvoir réagir la dégradation de leur travail, des relations de travail et des solidarités.
Valérie Tarrou
1) Pezé, M. (2008). « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés ». Paris : Pearson.
2) Hirigoyen, M.-F. (2001). « Le Harcèlement moral dans la vie professionnelle – Démêler le vrai du faux ». Paris : La Découverte.
Documents consultables en ligne
http://www.cram-normandie.fr/lespdf/guide_pratique_salaries.pdf
« Alors que s'ouvre un débat national sur la souffrance au travail, voilà une autre thématique, rampante et désastreuse, qui mériterait d'être exposée au grand jour et fermement combattue : le harcèlement. »
http://www.ladepeche.fr/article/2009/11/14/714944-Il-disait-que-je-faisais-mal-mon-boulot.html
Mépris, calomnies, humiliations, insultes, comportements obscènes, critiques injustifiées, conditions de travail dégradantes… le harcèlement moral, forme de violence parmi les plus destructrices, est qualifié de violence interne. A la différence d’une contrainte exercée directement sur le corps, le harcèlement est une violence indirecte, mais qui peut avoir des répercutions sur le corps.
La liste des pratiques possibles de harcèlement est longue. Dans son livre « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés » (1) Marie Pezé, docteur en psychologie, témoigne des brutalités psychologiques en entreprise qui vident le regard des salariés, brisent les capacités de raisonnement, défont la pensée.
Elle a reçu en consultation Souffrance et Travail Carole, secrétaire, en état « d’effroi post-traumatique » (1). En quelques mois, les exigences de son nouvel employeur étaient graduellement passées de désagréables (coller les timbres à 4 mm du bord de l’enveloppe à l’aide d’une règle) à une volonté systématique de nuire à son employée par de graves abus de pouvoir (surveillance de ses appels, de ses poubelles, missions urgentes confiées à 5 mn de l’heure du départ, refus d’accorder des congés, isolement des autres secrétaires, insultes, colères). Fatiguée, amaigrie, terrorisée, pour conserver ce nouvel emploi, Carole a répondu aux attaques par un surinvestissement dans la qualité de son travail, espérant échapper ainsi aux critiques et aux demandes -qu’elle ne percevait pas comme pathologiques- de son employeur. Carole a basculé dans une névrose traumatique et une pneumonie a fini par l’obliger à s’arrêter et à consulter.
Cette situation de maltraitance au travail illustre la définition qu’en propose la psychiatre Marie-France Hirigoyen, à l’origine du concept de harcèlement : « conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne, mettant en péril l’emploi de celle-ci ou dégradant le climat de travail » (2).
Dans l’ouvrage cité en référence, l’auteur insiste sur deux points :
- le caractère systématique et répétitif du harcèlement qui s’inscrit dans la durée,
- l’intentionnalité de la démarche persécutrice, sa préméditation, « car le caractère intentionnel d’un traumatisme en aggrave l’impact ».
Le degré de violence de la démarche persécutrice représente également un élément amenant à la qualification de la situation en harcèlement.
Cette relation de domination psychologique et de soumission forcée est une situation complexe qui ne peut se penser seulement en termes d’agresseur et de victime. D’une part, le harcèlement moral n’est possible qu’avec le consentement des collègues-témoins complices passifs. En effet, l’intervention collective qui dit la situation et refuse cette complicité en négatif arrête le harceleur. D’autre part, dans certains cas, le clinicien peut établir que la personne harcelée a été harceleur à un autre moment. Il est difficile pour le patient de penser sa responsabilité dans l’une ou l’autre des situations et de surmonter la situation génératrice de souffrance sans envisager les deux positions.
Le harcèlement survient souvent dans des situations de travail détérioré. Il tend à masquer la souffrance ressentie par les salariés qui constatent sans pouvoir réagir la dégradation de leur travail, des relations de travail et des solidarités.
Valérie Tarrou
1) Pezé, M. (2008). « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés ». Paris : Pearson.
2) Hirigoyen, M.-F. (2001). « Le Harcèlement moral dans la vie professionnelle – Démêler le vrai du faux ». Paris : La Découverte.
Documents consultables en ligne
http://www.cram-normandie.fr/lespdf/guide_pratique_salaries.pdf
http://www.cram-normandie.fr/lespdf/guide_pratique_employeurs.pdf
http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/2008.05-22.2.pdf
http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/2008.05-22.2.pdf
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