mardi 6 octobre 2009

La Reconnaissance du travail est une promesse

Le travail est un vecteur majeur de la reconnaissance. En contrepartie de l’énergie, de la passion et de l’investissement personnel qu’il apporte pour faire son travail au mieux, le sujet veut être reconnu pour le travail qu’il a accompli. Pour que la reconnaissance du travail par autrui intervienne comme un élément central de la construction identitaire elle doit porter sur le travail effectif réalisé.

Selon les théories de la psychodynamique, la reconnaissance peut s’obtenir par :
- un « jugement de beauté », jugement émis par des pairs, des collègues, en référence aux règles de métier et à la singularité du travail accompli,
- un « jugement d’utilité », exprimé par la hiérarchie qui reconnaît l’utilité sociale, économique et technique du travail et peut être suivi d’une prime, d’une augmentation ou d’une promotion.
Un écart entre les deux jugements est fréquent. C’est pourtant la cohésion de ces deux jugements qui satisfait aux attentes de reconnaissance.

La reconnaissance n’est pas un gage de bonheur, mais quand elle est inexistante, les efforts, les doutes, les découragements ne peuvent plus trouver de sens. Le rapport reconnaissance ou manque de reconnaissance de son travail est un élément déterminant du pouvoir structurant du travail au regard de la santé mentale.

La reconnaissance de son travail est une promesse. L’espoir de satisfaire le besoin d’être reconnu demeure et soutient la motivation dans le travail. Si il est ruiné, il engendre, amertume, découragement, absentéisme. Voire suicide car sans cette reconnaissance qui fournit les bases de la dignité et de l’estime de soi, nous ne saurions vivre. Mais identité, respect et reconnaissance peuvent-ils être distribués ou refusés de la même manière que les biens économiques ?

Stress, harcèlement moral, injonctions paradoxales, flexibilité, délocalisations, plans sociaux, logiques de service : les pressions du monde du travail se multiplient. Le ressentiment s’installe non en raison du fait que le travail demande trop mais plutôt parce qu’il ne donne ou ne rend pas assez. A ceux qui acceptent de s’offrir sans compter, on mesure chichement la reconnaissance, on dénie la compétence, on conteste l’initiative, on méprise « la comptabilité du donné et du reçu » (Le Guillant). Mais ce n’est pas sans lourdes conséquences.

Valérie Tarrou

Dejours, C. (1998). « Souffrance en France ». Paris : Seuil.
Le Guillant, L. (1984). « Quelle psychiatrie pour notre temps ? » Toulouse : Érès.

2 commentaires:

  1. Ah ! la reconnaissance du travail (que ce soit par les pairs : soucieux de respecter les règles de métier et/ou par la hiérarchie) qu'elle est précieuse ! Elle participe aux fondations de la Motivation, de l'Estime de soi, de l'Identité ! Ne la négligeons pas ! Et, ne confondons pas, non plus, la reconnaissance du travail bien fait ("le bel ouvrage" réalisé dans les règles de l'art, teinté de subjectivité, faisant fi des résistances du Réel, transcendé par l'ingéniosité et la créativité de son auteur) avec les seuls résultats visibles quantitatifs pseudo "strictement objectivables" du dit travail. Et pourtant, nous tendons à nous laisser leurrer ... pour la plupart d'entre nous, nous acceptons le jeu de l'évaluation quantitative individualisée (exemple personnel "surréaliste" du calcul d'un indice de productivité pour un psychologue du travail ! = nbre de "dossiers facturables" accesoirement nombre de personnes pour lesquels un travail d'orientation a été réalisé / temps de travail etc.) Pourquoi ? Parce qu'à mon sens, cette évaluation quantitative individualisée, est un des rares feedback dont nous disposons et qui pourrait "ressembler" à ce que l'on cherche tous : le graal-RECONNAISSANCE !
    Sabine AUMAITRE

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  2. Valérie, Sabine, à vous qui savez déjà prendre du recul...
    Mes pairs ont eu "connaissance" de mon travail et longtemps après ils me disent encore , lors de rencontres, l'apport, l'aide, le bonheur que mes interventions de conseillère pédagogique ont amenées dans leur dur métier d'enseignant.
    Par des efforts permanents, avec une nécessaire adaptation difficile, j'ai réussi à réemployer ma pédagogie et à créer des chaînes de réussite qui semblaient satisfaire ma hiérarchie : c'est-à-dire des gens en qui j'avais confiance et que j'admirais pour leur culture. J'attendais d'eux plus que la Reconnaissance du travail bien fait.
    Quelques années après, au regard de ce qui m'a été donné en indifférence (ou mépris) je sais enfin que l'Estime de soi, l'Identité ne doivent pas dépendre que de l'approbation d'une hiérarchie dont on ne peut pas sur le champ imaginer la vraie dimension.
    Maine

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