L'article du Monde Economie «Comment réduire le stress au travail ?», en date du 27-02-12, repris ci dessous, présente des mesures proposées par des chercheurs américains pour diminuer le stress au travail. Des pistes d'évolution au cœur des travaux des chercheurs français, en particuliers Yves Clot et Christophe Dejours, depuis de nombreuses années : redonner du sens au travail en restaurant le pouvoir d'agir des salariés, en instaurant une évaluation du travail et non plus des performances, en favorisant une communication claire des décisions organisationnelles.
«Depuis vingt ans, le niveau de satisfaction des individus au travail a baissé, tandis que leur niveau de stress a eu tendance à augmenter.
Ces évolutions ne se limitent pas à la France, on les retrouve dans beaucoup de pays occidentaux, et notamment aux Etats-Unis. Charge de travail plus importante, pression accrue pour améliorer la productivité et précarité exacerbée du marché du travail sont autant de facteurs qui contribuent à augmenter le stress de la population active. Cette tendance, qui a des conséquences néfastes sur la santé des individus, est particulièrement présente au sein des multinationales. Ces dernières ont adopté, au cours des dernières décennies, des systèmes de contrôle et d'évaluation standardisés qui imposent à leurs employés le suivi de procédures de fonctionnement et la poursuite de critères de performance parfois difficiles à atteindre.
STANDARDISATION
Cette standardisation, couplée à des impératifs de productivité accrue, a accompagné le développement rapide de grandes entreprises à l'échelle internationale, mais elle a aussi contribué à une perte de sens pour les employés dont le pouvoir discrétionnaire est considérablement réduit.
Alors que la gestion des ressources humaines (RH) est apparue, au siècle dernier, en réponse à une organisation du travail mécanique et déshumanisée, l'ironie veut donc qu'un siècle plus tard, certains des outils de gestion développés pour permettre une meilleure prise en charge des RH et une meilleure coordination à l'échelle internationale aient conduit à une nouvelle forme de déshumanisation du travail.
Les salariés doivent remplir des objectifs de performance précis, mais n'ont souvent que peu d'autonomie pour y parvenir. Sans surprise, ces conditions de travail sont source de tension et parfois même de souffrance psychologique.
Les entreprises, conscientes du coût que représente pour elles ce mal-être au travail, aussi bien en termes de diminution de la productivité que de réputation, ne peuvent plus ignorer le problème.
D'après une étude menée en 2011 par le cabinet de conseil Towers Watson auprès des dirigeants de 149 multinationales, plus de 75 % d'entre eux déclarent vouloir faire de la santé de leurs salariés une priorité pour les années à venir, et plus de la moitié vouloir s'atteler au problème des conditions de travail stressantes.
AUTONOMIE
Pour ce faire, les entreprises doivent repenser l'organisation du travail et les systèmes d'évaluation qu'elles utilisent. D'après une série d'études menées par Gretchen Spreitzer (professeure à l'université de Michigan) et Christine Porath (professeure à l'université de Georgetown), trois mesures simples permettraient de créer des conditions plus favorables à l'épanouissement professionnel des employés.
La première concerne leur pouvoir discrétionnaire. Quel que soit leur niveau dans la hiérarchie de l'organisation, les employés sont plus motivés lorsqu'ils peuvent prendre de façon autonome des décisions qui affectent directement leur travail. Cette autonomie leur confère plus de contrôle et leur donne plus d'opportunités d'apprentissage.
Le second changement a trait au partage de l'information dans l'organisation. Les salariés sont à la fois plus motivés et plus efficaces lorsqu'ils comprennent comment leur travail s'intègre à la stratégie et à la mission de l'entreprise.
Enfin, la troisième mesure touche aux processus d'évaluation. Ces derniers doivent aller de pair avec un accompagnement personnalisé tout au long de l'année, qui permet à chaque salarié d'avoir accès aux ressources nécessaires à son développement professionnel.
L'enjeu pour les entreprises est de permettre à leurs employés de donner du sens à leur travail et de continuer d'apprendre au quotidien. Il s'agit là de deux conditions nécessaires à leur épanouissement. Lorsqu'elles sont remplies, les salariés sont plus satisfaits, mais aussi plus productifs.»
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/02/27/comment-reduire-le-stress-au-travail_1648700_3232.html
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