Intelligence rusée, intelligence pratique, mais également sagesse, prudence, conseil, sont personnifiés par la déesse grecque Mètis.
Mètis possédait le don de la métamorphose qu’elle utilisa pour échapper un temps au désir de Zeus. Devenue sa première femme, Mètis est enceinte de la future déesse Athéna. Un oracle avertit Zeus que si Métis enfantait à nouveau, il s’agirait d’un fils qui le détrônerait de la même manière qu’il avait détrôné Cronos et que Cronos avait détrôné Ouranos. Pour éviter la poursuite de cette tradition familiale, Zeus convainc Mètis de se transformer en goutte d’eau et l’avale. C’est après l’incorporation de Mètis et de ses pouvoirs, dont il saura faire usage en se métamorphosant en cygne, taureau, pluie d’or…, que Zeus devint le roi des dieux.
Forme d’intelligence pratique, parfois proche de la combine, la mètis qui s’enracine dans le corps (1) est une notion moins noble que la sophia, sagesse qui s’appuie sur une connaissance de soi et du monde et s’accompagne d’un bonheur suprême, ou la phronèsis, sagesse prudente, habileté vertueuse et rationnelle.
Dans le contexte professionnel, la mètis, telle que la pense la psychodynamique du travail, est inséparable de la notion « d’habileté professionnelle ou de métier » (2). Elle désigne une capacité à s’adapter à une situation, à trouver une solution, en accordant dans un contexte de prise de risques le primat au succès et non à l’éthique.
Mobiliser son intelligence rusée pour palier le décalage entre la prescription et l’activité réelle à un caractère transgressif et, exercée isolement, cette attitude devient source de souffrance. Mais quand cette mise en jeu de son corps emporte la reconnaissance collective de l’utilité d’une telle pratique alors, s’allient plaisir et ingéniosité.
L’emploi de la mètis qui s’oppose au recours à la force est dérangeant car il appartient à tous, hommes, femmes, animaux, dieux…, c’est une intelligence transversale à toutes les classes sociales. Ulysse, Pénélope, Shéhérazade, le Petit Poucet, le renard, ainsi que de nombreux personnages de contes populaires sont des héros à la mètis qui par ingéniosité ont sauvé leurs vies.
La mètis ne relève pas du diplôme mais du métier, cette intelligence pratique est toujours située dans une action. La cognition seule ne suffit pas pour travailler, bien que valorisée, déjà par Platon, l’intelligence logico-déductive doit être combiner sans cesse à l’intelligence du corps.
Si la mètis facilite le travail, elle développe des conduites qui à l’observation peuvent sembler absurdes et illégitimes. La théorisation de la mètis par la psychodynamique du travail favorise l’interprétation de comportements par ailleurs difficiles à élucider, de situations insolites qui permettent de mieux faire son travail en répondant à plusieurs rationalités.
Valérie Tarrou
Mètis possédait le don de la métamorphose qu’elle utilisa pour échapper un temps au désir de Zeus. Devenue sa première femme, Mètis est enceinte de la future déesse Athéna. Un oracle avertit Zeus que si Métis enfantait à nouveau, il s’agirait d’un fils qui le détrônerait de la même manière qu’il avait détrôné Cronos et que Cronos avait détrôné Ouranos. Pour éviter la poursuite de cette tradition familiale, Zeus convainc Mètis de se transformer en goutte d’eau et l’avale. C’est après l’incorporation de Mètis et de ses pouvoirs, dont il saura faire usage en se métamorphosant en cygne, taureau, pluie d’or…, que Zeus devint le roi des dieux.
Forme d’intelligence pratique, parfois proche de la combine, la mètis qui s’enracine dans le corps (1) est une notion moins noble que la sophia, sagesse qui s’appuie sur une connaissance de soi et du monde et s’accompagne d’un bonheur suprême, ou la phronèsis, sagesse prudente, habileté vertueuse et rationnelle.
Dans le contexte professionnel, la mètis, telle que la pense la psychodynamique du travail, est inséparable de la notion « d’habileté professionnelle ou de métier » (2). Elle désigne une capacité à s’adapter à une situation, à trouver une solution, en accordant dans un contexte de prise de risques le primat au succès et non à l’éthique.
Mobiliser son intelligence rusée pour palier le décalage entre la prescription et l’activité réelle à un caractère transgressif et, exercée isolement, cette attitude devient source de souffrance. Mais quand cette mise en jeu de son corps emporte la reconnaissance collective de l’utilité d’une telle pratique alors, s’allient plaisir et ingéniosité.
L’emploi de la mètis qui s’oppose au recours à la force est dérangeant car il appartient à tous, hommes, femmes, animaux, dieux…, c’est une intelligence transversale à toutes les classes sociales. Ulysse, Pénélope, Shéhérazade, le Petit Poucet, le renard, ainsi que de nombreux personnages de contes populaires sont des héros à la mètis qui par ingéniosité ont sauvé leurs vies.
La mètis ne relève pas du diplôme mais du métier, cette intelligence pratique est toujours située dans une action. La cognition seule ne suffit pas pour travailler, bien que valorisée, déjà par Platon, l’intelligence logico-déductive doit être combiner sans cesse à l’intelligence du corps.
Si la mètis facilite le travail, elle développe des conduites qui à l’observation peuvent sembler absurdes et illégitimes. La théorisation de la mètis par la psychodynamique du travail favorise l’interprétation de comportements par ailleurs difficiles à élucider, de situations insolites qui permettent de mieux faire son travail en répondant à plusieurs rationalités.
Valérie Tarrou
1) Dejours, C. (2009). « Travail vivant - 1 : Sexualité et travail ». Payot : Paris. P. 29 à 31.
2) Molinier, P. (2006). « Les Enjeux psychiques du travail ». Payot : Paris. P. 90 à 102.
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